Café des artistes

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Deux fleurs jaunes

 


Les deux fleurs

Deux fleurs jaunes, semblables en tout point se tiennent droites au bord du chemin, parfois une bise légère les fait tanguer d'un côté, de l'autre. elles sont là toutes les deux l'une à côté de l'autre, tout près. L'une d'entre elle déclare : moi, je voudrais être cueillie par un homme bon, il m'offrirait à sa femme aimée, elle s'occuperait de moi , je décorerais sa maison en compagnie d'autres fleurs dans un joli vase et on m'admirerait, je serais la star; quel bonheur !

Moi aussi dit l'autre, j'aimerais bien que quelqu'un me cueille et me place dans un endroit où tout le monde pourrait me voir et m'admirer. Chut ! chut ! voilà quelqu'un, soyons nobles, on va peut-être nous remarquer ! A ce moment là, le souffle léger du vent exalta leur parfum  vers l'inconnu. toutes les deux sont là, tremblotantes, espérant de tout leur cœur qu'on les regarderait, qu'on les cueillerait, qu'on les admirerait. L'inconnu est une jeune femme, elle s'approche doucement près des fleurs et respire leur parfum suave en savourant cet instant, puis elle se penche délicatement pour cueillir la tige de l'une des fleurs. Que tu es belle lui dit-elle.  A petits pas légers elle s'éloigna, laissant derrière elle une fleur triste et solitaire. Pourquoi elle et pas moi ? On était pourtant semblable,  je sens aussi bon qu'elle et ma robe est aussi jolie. Elle se tourne mais ne voit plus personne, seule, elle reste seule. Un grand soupir de désarroi  émane de son petit corps fragile; Perdue, elle se sent perdue. Puis soudain elle entend des enfants jouer et s'approcher, un grand espoir la submergea, tout n'est pas perdu... elle se dressa de toute sa hauteur pour montrer qu'elle était là, venez, je vous en supplie, je vous attends. emmenez moi avec vous dans votre jolie maison. Les enfants semblent l'avoir entendu, il s'approchent, son petit cœur se mit à battre, de toutes ses forces elle exhala son parfum, sa robe d'or luisait au soleil...oui, ils m'ont vu ! Les enfants, un garçon, une fille se penchent sur elle et le petit garçon était prêt à la prendre mais...d'un geste doux, la petite fille stoppa son élan, non il ne faut pas cueillir les fleurs, c'est la maîtresse qui nous l'a dit, on leur fait mal quand on coupe leur tige, elles préfèrent rester dans la terre qui les a vues naître. Mais non ! s'écrie la fleur, pas du tout ! Je vous en prie, cueillez-moi ! Je serai belle dans votre vase, vous verrez. Je veux être entourée d'autres fleurs, je veux être au chaud, dehors, il fait froid la nuit et j'ai peur, je vous en prie, cueillez-moi ! Mais les enfants n'ont pas l'air de l'entendre, déjà, ils s'éloignent gaiement avec leur ballon.

Alors la fleur se courba sur sa tige, déçue, désespérée, elle ne veut pas rester ici toute seule, elle a peur, elle sait que dès que le soleil sera couché, des bruits bizarres vont se faire entendre, sans compter la présence d'animaux qui peut-être la dévoreront. Pourquoi pas moi ? se demande-t-elle. Pourquoi ne me cueille -t-on pas ? Pourtant je suis semblable à l'autre, je suis belle, ma robe est jaune, je sens bon, pourquoi pas moi ?Pourquoi n'ai-je pas droit au bonheur ? Doucement le jour faiblit, les pensées  de la pauvre petite fleur s'envolent pour un temps vers ce qu'elle ne connaîtra peut-être pas : le plaisir de se pâmer dans un vase, en compagnie d'autres fleurs tout aussi belles qu'elle, la joie d'être admirée à chaque fois qu'une personne de la maison passera devant elle, le bonheur d'avoir été choisie, aimée, l'illusion de faire partie de la famille, de la maison, la sensation d'opulence.  Un soupir de regret fit tomber un pétale. Hélas, gémit-elle, ce n'est pas pour moi ! Et elle se courba davantage encore.

 



30/12/2011

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